samedi 15 juin 2024

Deleuze, Différence et répétition — les chapitres du livre

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Les chapitres du livre

 

Chacun des cinq chapitres de DR est consacré à une tâche relativement précise. Le premier est une histoire critique des philosophies de la différence ; une telle philosophie étant à chaque fois une logique et une ontologie, intriquées. Le deuxième est l’exposé d’une théorie élaborée de la répétition dans la vie bio-psychique ; cette théorie dégage un stade ultime de la répétition, qui coïncide avec un élan religieux ; elle a valeur critique et englobante par rapport à la conception freudienne ; ses attendus les plus abstraits sont caractéristiques d’une classe de systèmes qui donc à certains égards ressemblent à une vie bio-psychique, les systèmes-simulacres, notamment certaines compositions littéraires modernes. Le troisième chapitre est une doctrine originale des facultés de l’animal humain ; nos facultés fonctionnent d’une certaine façon dans la récognition d’objets, mais d’une façon toute différente sous le choc de certaines rencontres : elles accèdent à leur usage transcendant ; une liste, qui reste ouverte, mais une liste tout de même de telles facultés, susceptibles d’un tel usage, est proposée par Deleuze. Les quatrième et cinquième chapitres sont l’exposé d’une philosophie originale de la différence. Les aspects principaux de cette logique-et-ontologie sont : une certaine conception de l’Idée comme problème virtuel, et de son actualisation dans des systèmes qualifiés (chap. 4) ; le rôle des intensités (différences individuantes) et des procès d’individuation, comme puissances de différenciation des choses au sein des systèmes (chap. 5). Reprenons :

 

 

Chap. 1 : histoire critique des philosophies de la différence ;

Chap. 2 : théorie de la répétition ; à la fois existentielle, post-freudienne, expérimentable en littérature ;

Chap. 3 : doctrine des facultés ; l’usage transcendant comme critère d’une liste de facultés ; la rencontre comme déclencheur de l’usage transcendant ;

Chap. 4 : philosophie de la différence, première partie : l’Idée et son actualisation ;

Chap. 5 : philosophie de la différence, seconde partie : l’intensité et l’individuation, leur rôle dans la différenciation. 

 

Il est bon d’avoir en tête plusieurs types de systèmes qualifiés, tout au long du livre. J’entends par systèmes des exemples un peu étoffés qui peuvent servir de paradigmes pour ce dont Deleuze est en train de parler, parfois de façon très abstraite. Il situe lui-même les phénomènes de répétition dans des "systèmes-simulacres" ; et les choses examinées par sa philosophie de la différence, dans des systèmes-champs d’individuation. 

 

En premier lieu : les systèmes psychiques, ou la vie humaine bio-psychique, spécialement pour les chap. 2 et 3, théorie de la répétition, doctrine des facultés. 


En second lieu : les systèmes biologiques, pour les chap. 4 et 5, avec une attention particulière 

 — à l’unité du vivant (l’Animal abstrait), modèle pour la théorie de l’Idée, chap. 4, 

 — à l’embryologie, avec ses dynamismes propres, chap. 4 et 5, et plus profondément les intensités sous les dynamismes eux-mêmes, chap. 5, dans l’œuf. 


En troisième lieu : quelques systèmes littéraires simulacres, Joyce, Borgès, Gombrovicz, etc. 

 

Remarque sur les systèmes mathématiques. 
Deleuze leur emprunte de nombreux concepts, qui renvoient à des contextes précis. Mais dans l’ensemble, il a essayé de retrouver dans le langage mathématique des intuitions qui lui viennent de Geoffroy Saint-Hilaire et de son Animal abstrait conçu comme « multiplicité » : aucun secteur précis des mathématiques, ni d’ailleurs de la physique, n’est utilisé comme paradigme de système. 


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