vendredi 10 mai 2013

Clédone du jour : Papus (du martinisme aux sciences maudites)



Malfatti préfacé par Deleuze

Le nom de Papus (Gérard Encausse) s’affiche ce matin sur amazon.fr, voilà un rayon philo qui ratisse large, tant mieux. Sur Le Martinésisme, le Willermosisme, le Martinisme et la Franc-Maçonnerie... C’est l’occasion de revenir sur un petit secret de la bibliographie deleuzienne, la préface que donna Gilles Deleuze, âgé de vingt-deux ans, à l’écrit de Malfatti de Montereggio sur la Mathèse. Malfatti est tout à fait inscriptible dans la série que nous donne la clédone d’aujourd’hui : Martinès de Pasqually, Willermoz, Saint-Martin. Pour la franc-maçonnerie, il faudrait voir. La tendance serait plutôt rosicrucienne. La Palingénésie du théosophe Ballanche occupe une place discrète mais tout à fait remarquable dans les pages sur la répétition royale, au delà de la foi, dans Différence et répétition. Deleuze ne voit aucun inconvénient à laisser se côtoyer Ballanche, Nietzsche et Klossowski.

Du côté, non plus de la répétition, mais de la doctrine de la différence idéelle (Savoir) et de son articulation à la synthèse asymétrique du sensible (Etre), on ne peut évidemment pas contourner la référence à Wronski, au chapitre 4 de Différence et répétition. Deleuze, en ses années lyonnaises, encouragea personnellement la publication du remarquable petit volume de Philippe d’Arcy sur Wronski.


Un chercheur britannique, Christian Kerslake, s’est intéressé de près à la lecture deleuzienne de Malfatti. Voyez ici.



Pour ma part, je crois qu’il ne faudrait pas non plus négliger, pour l’approche des devenirs-animaux, autant que des sujets larvaires, des corps sans organes, des foules et des meutes, les recherches dans lesquelles Stanislas de Guaita laissa sa vie. Sciences maudites, qu’il faisait tourner autour de « l’arcane des multitudes ». 

le tarot de Guaita

2 commentaires:

  1. êtes vous en train de suggérer un lien entre deleuze et la franc maçonnerie ? je ne sais pas si ça tient la route...

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  2. Non, je ne vois vraiment pas Deleuze faire le guignol en loge ! En revanche, dans sa préface à Malfatti, la question de l'initiation est nettement évoquée. A l'époque, nous dit François Dosse, Gandillac entraîne le jeune Deleuze chez Marcel Moré. A-t-il croisé là des initiés, et à quoi ? Gandillac lui-même était grand amateur de Paracelse, et de tout le néo-platonisme renaissant. Paracelse qui semble être le fond d'inspiration, aujourd'hui, de plusieurs mouvements "rosicruciens", ces mouvements qui ont connu une sorte de renaissance à l'époque symboliste en France. Mouvements initiatiques et très compatibles avec le catholicisme de Moré (si ce n'est de son cercle, beaucoup plus large) : il y avait une "rose-croix catholique"...
    Deleuze a donc pu fréquenter des initiés, s'intéresser à leur démarche, voire en tâter un peu, si j'ose dire. Ce qui m'intéresse, moi, c'est par exemple la figure de Guaita, personnage très peu conformiste, ami d'adolescence de Barrès, qui expérimente par les drogues dans son appartement de célibataire parisien, et que Huysmans accusera de sorcellerie. Personnage qu'on croirait sorti d'un roman de Lovecraft. C'est lui qui relance le mouvement "rose-croix" en France. Et je ne peux m'empêcher de faire des rapprochements entre ses écrits et le chapitre des "sorciers" et des "devenirs" dans Mille plateaux. J'y viendrai d'ici peu dans une note.

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