mardi 23 avril 2013

Deleuzisme : deux lignes de lecture




Eveillé vers 4h par un appel religieux aux haut-parleurs, dans l’obscurité j’ai pris un livre au hasard dans la bibliothèque et c’était le Deleuze face à face de Dumoncel. Très bien, Dumoncel. Bien que ça se présente sous la forme éclatée d’un abécédaire, il cherche l’unité de la doctrine. La doctrine de La-Borde-les-bois, du Bois-Clinique. Sauf qu’il appelle tout « Deleuze », Guattari disparaît, même aux entrées nomade, anti-Œdipe, Kafka, même à l’entrée rhizome.

D’autres auteurs à la recherche du deleuzisme ? Citons Badiou, Deleuze la clameur de l’Être ; citons Sauvagnargues, Deleuze, l’empirisme transcendantal ; citons Montebello, Deleuze : la passion de la pensée.  

En partant de la conférence de 1967 sur la Dramatisation, véritable coup d’envoi de la doctrine, on peut esquisser deux tendances parmi les lecteurs : ceux qui privilégient les dynamismes spatio-temporels individuants, ceux qui privilégient le continuum virtuel de l’Idée et son actualisation. Dumoncel, qui élabore sa propre philosophie dans la foulée du deleuzisme, suit nettement la seconde tendance, tout comme Badiou dont le but est à l’inverse de critiquer la doctrine et de s’en démarquer. Tous deux affirment le deleuzisme comme variante du bergsonisme. Sauvagnargues, elle, suit plutôt la première tendance, où l’entraîne son intérêt pour la peinture, car la peinture est d’une certaine façon la discipline des dynamismes spatio-temporels, l’art des forces. Elle assimile le deleuzisme à une variation sur Simondon et sa philosophie de l’individuation – et du coup, malgré son titre, elle néglige toutes les genèses proprement « transcendantales » dans le premier Diptyque. Peut-être Montebello est-il plus équilibré ? Pas sûr...

La tendance de Dumoncel est particulièrement sensible à l’entrée Individuation de son Face à face. Après un hommage nominal à Simondon, c’est à la genèse statique, à l’actualisation du virtuel qu’il nous renvoie, tant dans Différence et répétition que dans Logique du sens. Rien sur la genèse dynamique, sur l’individuation proprement dite qui « précède en droit la différenciation », rien sur « l’action du champ d’individuation » dont il est question en de tout autres lieux du premier Diptyque (DR, p. 318 ; et les huit dernières séries de LS). 

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