Année zéro. Visagéité. |
Les auteurs de Mille plateaux sont très durs avec le
visage, avec la « machine abstraite de visagéité ». Quand le visage
s’établit quelque part, c’est comme un malheur qui frappe une formation sociale
primitive et ses codes de « cruauté ». Qui s’attaque expressément aux
devenirs-animaux, à la spiritualité intensive. On est tout près des termes dans
lesquels Deleuze parlera un peu plus tard du « système du jugement ».
« En finir avec le jugement », « défaire le visage », ce
sont des mots d’ordre très proches.
Et pourtant, Jean-Clet Martin le dit très bien, il y a aussi les « traits de visagéité », de tout
autres aventures. Guattari insistait beaucoup là-dessus. Et il aimait la photo
autant que Deleuze le cinéma ! A la fin du plateau n°7, il y a comme un
miracle nietzschéen, une sorte d’inversion possible. Les auteurs invitent à se
porter au niveau de la machine abstraite (de visagéité et de jugement), cette
espèce d’Idée (comme le Nihilisme chez Nietzsche) susceptible de s’actualiser
n’importe où, et à la défaire à ce niveau (dans la « Mécanosphère »
des Idées), à la tourner en diagramme,
quand l’Idée est tout à fait arrachée aux strates… De tels diagrammes sont-ils
comme de nouvelles valeurs ? Ils vont permettre d’autres jeux des traits
de visagéité, compatibles avec les devenirs, sans pour autant « revenir
aux têtes primitives »… Alors la face aussi participe aux trois vertus des
hommes des devenirs : indiscernabilité, impersonnalité, imperceptibilité.
…
Cette esquisse définit pour nous
deux tâches : (1) préciser les rapports entre le plateau n°7 et le texte Pour en finir avec le jugement ; (2)
en prenant machine de visagéité et système du jugement comme deux
Idées-désastres jumelles, tâcher de comprendre ce que c’est qu’une machine
abstraite stratique et pourtant déjà « à moitié dressée » hors des
strates. Il nous restera alors à épingler nos petites découvertes aux éléments
du tableau de Duccio, La vocation de
Pierre et André, manière de donner à l’arcane n°7 sa force de symbole.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire